
Le grand écran, miroir des identités et terrain de liberté
Le cinéma, comme la scène, possède ce pouvoir fascinant : celui de transformer. Il brouille les frontières entre le réel et l’imaginaire, joue avec les apparences et révèle les vérités les plus profondes sous les lumières de la fiction. À travers lui, la métamorphose devient un art, une affirmation de soi, un manifeste de liberté. Pour les artistes transformistes, drag queens et travestis, le grand écran a souvent été un miroir bienveillant, un espace où la différence se fait beauté et où chaque personnage, aussi extravagant soit-il, raconte quelque chose d’universel : le besoin d’exister pleinement.
De Victor Victoria à Priscilla folle du désert, les mille visages du transformisme à l’écran
Il y a des films qui ne se contentent pas de divertir : ils illuminent, éveillent les consciences et célèbrent la différence.
Dans le monde du transformisme, le cinéma a toujours été un allié de taille. Il a su capter cette magie du changement, ce pouvoir de se réinventer sans cesse — un peu comme sur scène, quand chaque entrée est une nouvelle naissance.
À travers l’histoire du septième art, plusieurs chefs-d’œuvre ont osé mettre en lumière les artistes drag, travestis et transformistes.
Ces films, souvent drôles et poignants à la fois, racontent la même chose : la liberté d’être soi, coûte que coûte.
Je vous invite à un voyage à travers ces œuvres cultes qui ont marqué les esprits et continuent d’inspirer les artistes d’aujourd’hui — moi y compris.

Victor Victoria — L’élégance du double jeu
Dans cette comédie musicale signée Blake Edwards (1982), Julie Andrews incarne une chanteuse sans le sou qui trouve la gloire en se faisant passer pour un homme travesti en femme.
Sous ses airs légers et jazzy, Victor Victoria aborde avec une finesse incroyable la question du genre et du regard des autres.
C’est un film qui brouille les frontières entre masculin et féminin, tout en restant d’une élégance folle.
On y rit, on y chante, on s’y interroge. Et surtout, on découvre que la transformation n’est pas un mensonge : c’est parfois le seul moyen de révéler sa véritable identité.
Mon ressenti personnel :
Victor Victoria est un film qui m’a inspiré bien avant même mes débuts d’artiste transformiste.
J’y ai vu pour la première fois cette grâce, cette justesse dans le jeu et cette liberté absolue dans le fait d’endosser plusieurs rôles à la fois.
Une œuvre qui m’a profondément marqué et qui, sans le savoir, a peut-être planté une graine dans mon parcours artistique.
Priscilla, folle du désert — La route de la liberté
Difficile d’évoquer le transformisme sans parler de ce chef-d’œuvre australien de 1994.
Trois drag queens embarquent dans un bus rose baptisé Priscilla pour traverser le désert.
Ce voyage haut en couleur devient une ode à la tolérance, à la fierté et à la résilience.
Entre les paysages flamboyants, les tenues extravagantes et la bande-son culte, Priscilla, folle du désert célèbre la puissance de la différence.
C’est un film qui fait rire autant qu’il émeut, tout en rappelant que l’on peut être fort, même sous des talons de quinze centimètres.
Mon ressenti personnel :
Priscilla m’a profondément touché.
Au-delà des paillettes et de l’humour, ce film porte un message universel : celui d’être soi dans la diversité.
Chaque personnage y incarne une vérité, une fragilité et une force qui résonnent encore aujourd’hui dans ma manière d’aborder mes numéros et d’assumer pleinement mon art.


La Cage aux Folles — L’humour et la tendresse à la française
Bien avant l’explosion de la culture drag, La Cage aux Folles ouvrait déjà la voie à la comédie transformiste.
Sorti en 1978, le film met en scène Michel Serrault et Ugo Tognazzi dans un duo irrésistible, à la fois tendre et explosif.
Derrière les fous rires et les plumes, se cache une histoire de famille, d’amour et de tolérance.
C’est une œuvre profondément humaine, qui prouve qu’on peut parler de différence avec humour, mais aussi avec beaucoup de cœur.
Un monument du cinéma français qui reste, encore aujourd’hui, d’une modernité désarmante.
Mon ressenti personnel :
La Cage aux Folles m’a révélé un jeu d’acteur absolument génial de Michel Serrault, un comédien hétéro capable d’incarner avec une justesse bouleversante un personnage transformiste.
Cette performance m’inspire à chaque fois que je rentre dans mon propre personnage de Miss Caline : cette même sincérité, cette même humanité derrière le maquillage et le rire.
Extravagances — L’Amérique en talons hauts
Direction les États-Unis avec ce film Extravagances (To Wong Foo, Thanks for Everything! Julie Newmar) de 1995 réunissant Patrick Swayze, Wesley Snipes et John Leguizamo, transformés en drag queens aussi sublimes que courageuses.
Leur périple à travers l’Amérique profonde devient une leçon de bienveillance et de résilience.
Ce que j’aime dans Extravagances, c’est cette façon d’associer humour, humanité et glamour sans jamais tomber dans la caricature.
Chaque scène respire la bienveillance.
Et surtout, chaque regard de ces héroïnes en perruques et faux cils rappelle qu’il faut parfois beaucoup de courage pour oser être soi-même.
Mon ressenti personnel :
À l’image de La Cage aux Folles, Extravagances m’a impressionné par la sincérité et la justesse du jeu d’acteur, mais ici du côté drag queen.
Voir des acteurs hétéros incarner avec autant de respect et d’émotion des personnages hauts en couleur m’a profondément touché.
Ce film rend hommage à l’art du transformisme avec une noblesse rare.


Pédale douce — La comédie qui bouscule les clichés
Sorti en 1996, Pédale douce de Gabriel Aghion raconte la double vie d’un publicitaire de jour et d’une drag queen de nuit.
Avec Patrick Timsit et Fanny Ardant, le film mêle humour, tendresse et célébration de la différence.
C’est une comédie pétillante où la sincérité et la joie de vivre effacent les préjugés.
Mon ressenti personnel :
Ce film m’a beaucoup marqué par sa chaleur humaine et son ton bienveillant.
Il montre un univers de cabaret vibrant, sans moquerie ni exagération, et un profond respect pour la diversité.
J’y retrouve cette même énergie de troupe et de complicité que dans les coulisses de mes propres spectacles.
Chouchou — La tendresse en robe et talons
En 2003, Gad Elmaleh surprend le public en incarnant Chouchou, un jeune travesti venu du Maghreb pour refaire sa vie à Paris.
Le film, réalisé par Merzak Allouache, aborde avec une grande douceur les thèmes de la tolérance, de la différence et de l’intégration.
Mon ressenti personnel :
Chouchou m’a profondément touché par sa sincérité et sa bienveillance.
Le personnage est lumineux, attachant et d’une humanité désarmante.
C’est un film qui rappelle que l’acceptation de soi commence souvent par le regard des autres — et qu’un sourire peut parfois tout changer.


Les Crevettes pailletées — L’esprit d’équipe et de tolérance
Inspiré d’une histoire vraie, Les Crevettes pailletées (2019) raconte l’aventure d’une équipe de water-polo gay pleine de fantaisie.
Entre rires, émotion et solidarité, le film célèbre la diversité et l’importance du collectif face aux préjugés.
Mon ressenti personnel :
J’ai adoré l’énergie et la générosité de ce film.
Il montre la force du groupe, la bienveillance et l’amitié au cœur du message LGBT+.
Un souffle d’optimisme, de fierté et de respect — comme un grand éclat de rire partagé après le rideau final.
Kinky Boots — Quand les talons rouges sauvent l’usine
Inspiré d’une histoire vraie, Kinky Boots raconte la rencontre improbable entre un jeune patron en difficulté et une drag queen flamboyante.
Ensemble, ils décident de créer une ligne de bottes à talons pour hommes, sauvant ainsi l’usine et redonnant espoir à tout un village.
Entre rires, musique et émotions, le film délivre un message universel : la différence n’est pas un handicap, mais une richesse.
C’est une belle leçon d’ouverture, où le cabaret et le monde du travail s’unissent dans un pas de danse inattendu.


Hedwig and the Angry Inch — Rock, douleur et renaissance
Plus sombre, plus intime aussi, ce film culte du début des années 2000 plonge dans l’univers punk et poétique d’Hedwig, une chanteuse transgenre à la voix écorchée et au cœur immense.
Entre concerts électrisants et confessions déchirantes, Hedwig and the Angry Inch explore la quête d’amour et d’identité avec une intensité rare.
C’est un film qui transcende les genres, au sens propre comme au figuré.
Sous son maquillage qui coule, Hedwig incarne la douleur de la transformation, mais aussi sa beauté.
Un cri du cœur, un hymne à la résilience.
Au-delà des paillettes : un message universel
De Victor Victoria à Les Crevettes pailletées, chaque film raconte une vérité différente, mais un même combat : celui de l’authenticité.
Derrière le maquillage et les projecteurs, il y a des êtres humains qui cherchent simplement à exister, à être aimés, à être vus.
Ces films ont marqué l’histoire parce qu’ils ont osé montrer le transformisme et la différence non pas comme une excentricité, mais comme un art de vivre et d’exister.
Ils ont ouvert la voie à la tolérance, inspiré des générations d’artistes et contribué à faire briller la culture queer sur grand écran.
Et si, au fond, chaque spectateur sort de ces films un peu plus libre, alors la magie a bel et bien opéré.


Mon regard d’artiste
En tant qu’artiste transformiste, ces films m’inspirent profondément.
Ils me rappellent pourquoi je monte sur scène : pour faire sourire, émouvoir, réfléchir — et parfois, aider à faire tomber les masques.
Chaque œuvre citée est comme un miroir tendu à mon propre parcours : elle me renvoie à cette quête d’authenticité qui traverse tout artiste, à ce besoin de créer un pont entre le rêve et la réalité.
Dans les regards des personnages, dans leurs hésitations et leurs éclats de rire, je retrouve mes propres émotions avant d’entrer en scène.
Le cinéma, tout comme le cabaret, est un espace de liberté où l’on se réinvente, où l’on ose être plusieurs à la fois sans jamais trahir qui l’on est vraiment.
C’est cette alchimie entre le vrai et le faux, entre la lumière et l’ombre, qui me fascine tant.
J’y vois un prolongement naturel de mon art : un langage universel où la transformation devient une manière d’exister pleinement, d’offrir une part de soi au public.
Derrière leurs dialogues, leurs chansons et leurs paillettes, je retrouve cette même énergie que dans le cabaret : un mélange d’humour, de poésie et de sincérité.
Chaque transformation, qu’elle soit filmée ou vécue sur scène, raconte une histoire d’amour — l’amour de soi, du public, de la différence.
C’est une célébration de la vie dans tout ce qu’elle a de fragile, d’extravagant et de merveilleux.
Et chaque fois que les lumières s’éteignent, je me dis que le cinéma et la scène partagent un même secret : celui de la métamorphose comme acte d’amour.
Car se transformer, ce n’est pas se cacher — c’est au contraire se révéler autrement, offrir au monde une facette nouvelle de soi, avec la même passion et la même sincérité.
C’est là, je crois, que réside toute la beauté du transformisme : dans cette magie qui transcende le regard, unit les cœurs et rappelle que, sous chaque costume, bat un être profondément humain.
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